Mgr Louis Duchesne, les aventures romaines d'un savant curé anticlérical
S'il n'était mort depuis cent ans, Mgr Louis Duchesne (St Servan 1843-Rome 1922)
serait un paradoxe vivant. Car s'il avait droit au titre de Monseigneur, jamais il n'a
dirigé un diocèse, et bien que, conseiller en matière de diplomatie et de rites du
Vatican, jamais il n'y a été en odeur de sainteté ! S'il a fait une belle carrière
d'ecclésiastique, il doit plus à la République qui l'a promu à l'Ecole des Hautes études
qu'à l'Eglise qui lui avait retiré sa chaire à l'Institut catholique de Paris. Et s'il a été
élu à l'Académie française, c'est avec la bénédiction de Jean Jaurès (!) contre le
candidat de la papauté ! Car Pie X avait fait interdire ses œuvres savantes comme de
la pornographie ! Ses aventures picaresques n'ont pas empêché le brillant archéologue
et historien qu'il était d'écrire la première histoire critique des débuts de l'Eglise, ni
que le pape Paul VI, saisi de remords à son égard, ne lui consacre un colloque pour
l'anniversaire des cinquante ans de sa disparition. On ne parle plus guère de Pie X ni
de Paul VI ! En revanche, Duchesne demeure la référence pour l'histoire des premiers
temps de la chrétienté et son esprit lui survit. Car selon les mots d'un érudit prêtre : «
Supposez Voltaire qui aurait étudié et goûté Renan. Voilà Duchesne !»
Jean-Yves Ruaux est le coauteur de Louis Duchesne, incontournable
monument de l'histoire, (Editions Cristel, 2017)