Atelier de lecture : coups de cœur 2024

COUPS DE CŒUR ATELIER LECTURE dernier trimestre 2023

TITRES & AUTEURS BREFS RESUMES
LA TETE EN FRICHES de Marie-Sabine Roger

Ce livre est devenu un film avec Gisèle Casadesus & Gérard Depardieu.

 

 


C’est un livre qui rend heureux. Marguerite et Germain vont se rencontrer en comptant les pigeons. Germain rencontre au jardin public une vieille dame très cultivée qui le fait entrer dans le monde des livres et des mots.

CINQ PETITS INDIENS de Michelle Gould

L’autrice donne la parole à cinq enfants sortis de l’enfer des pensionnats religieux au Canada qui tentent chacun à leur façon de faire la paix avec leur passé. La maman de Michelle Good a fait partie des survivants…

Entre 1880 et 1996, date de la fermeture du dernier pensionnat, 150.000 enfants sont passés dans ces écoles « résidentielles » et on estime que 4.000 d'entre eux y ont laissé la vie. Plusieurs centaines de tombes d'enfants ont d'ailleurs été découvertes récemment à proximité d'anciens pensionnats, ravivant ce scandale qui éclabousse L'Église et l'État canadien et permettant d'en estimer l'ampleur.

Maisie, Clara, Lucy, Kenny et Howie, cinq destins brisés à jamais. Tous les cinq ont été emmenés dans un pensionnat nommé la Mission dès leur plus jeune âge, arrachés de force à leurs parents, tout cela parce qu'ils étaient indiens et pour faire disparaître leurs traditions en les éduquant à l'occidentale par des hommes et des femmes blancs (religieux et « bonnes sœurs »), tous les cinq vont subir les mêmes sévices. Une assimilation forcée, totalement immorale et souvent très brutale, qui les dépouille de leur identité.

Enfance brisée, vie d'adulte détraquée, certains se décident à parler afin, non pas que leur soit rendue leur enfance et leur insouciance – cela est chose impossible - mais au moins que leurs voix soient entendues !

L’INSTITUTRICE DES ENFANTS D’IZIEU de Dominique Missika

Le 6 avril 1944, à Izieu, 44 enfants âgés de 4 à 17 ans et leurs 7 moniteurs sont « raflés » par des soldats allemands, sur ordre de Klaus Barbie. Gabrielle Perrier, leur institutrice de 21 ans, est absente pour les vacances. Ce jour-là, son monde s'effondre…

Aucun mot n'est prévu pour expliquer son état. Elle se taira donc et vivra, sans jamais trop s'éloigner d'Izieu, sans rater aucune cérémonie de commémoration, discrète, perdue dans l'assemblée. Jusqu'au procès de Klaus Barbie, plus de quarante ans après où son statut de témoin, voulu par Serge Klarsfeld, l'autorisera enfin à révéler son rôle, si ténu soit-il, dans l'histoire.

 

LEGENDE D’UN DORMEUR EVEILLE de Gaëlle Nohant

Déjà, le titre est attrayant, mais le roman biographique sur le poète surréaliste Robert Desnos est beau et parsemé de ses poèmes. L’autrice y aborde le Paris des années 20, avec tous les grands peintres, les écrivains, sans oublier les lieux où l’on s’amuse… Mais surtout, elle nous permet de s’approcher au plus près de Robert Desnos qui était un homme « beau », lumineux, libre, courageux, joyeux, un grand amoureux mais surtout, il fut un grand résistant ce qui le conduisit dans différentes de concentration dont le dernier à Teresin en République Tchèque où il mourut du typhus en juin 1945. Ce livre est enthousiasmant et passionnant.

" Une fourmi de dix-huit mètres

Avec un chapeau sur la tête,

ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi trainant un char

plein de pingouins et de canards,

ça n'existe pas, ça n'existe pas

une fourmi parlant Français, Latin et Javanais

ça n'existe pas, ça n'existe pas

Eh ! pourquoi pas". – Robert Desnos -

REVER AU JARDIN de Jean-Luc Le Cleac’h

(documentaliste au lycée de Pont-l’Abbé)

Jean-Luc Le Cleac'h contemple et observe la nature et nous entraîne dans la découverte de son jardin avec une vision contemplative ouverte sur l'univers. Il laisse sa pensée dériver et prolonge sa réflexion vers d'autres sujets tels, la littérature, la musique, la peinture, etc…

PERSONNE NE MEURT à LONGYCARBYEN de Morgan Audic

Thriller

Morgan Audic nous raconte, en alternance, une double enquête policière oppressante, dépaysante, située dans un décor « arctique » 2 policiers qui nous entraînent dans le sillage de deux victimes : la première, est retrouvée sur l'archipel du Svalbard, près de Longyearbyen, dernière ville avant le pôle Nord.

La deuxième, une ex-journaliste, a été découverte à des milliers de kilomètres de là, sur une plage isolée des îles Lofoten, en Norvège continentale.

À priori, rien ne lie ces victimes, si ce n'est qu'elles s'intéressent de près aux mammifères marins...

Les deux enquêteurs sont aussi motivés et entêtés l'un que l'autre, la policière n'est pas du tout convaincue par cette attaque d'ours et le reporter de guerre ne peut envisager que son ex-collègue se soit suicidée.

Pourquoi un coup de cœur sur ce roman ? original, didactique, politique, écologique, un livre informatif tout en étant riche en intrigues et en actions.

LE PRIX de Cyril Gély

"Nous étions les deux faces d'une même pièce. Un couple, mais la fission nous a séparés. »

Ce livre est un huis clos entre un chimiste allemand et une physicienne juive-allemande. Il se déroule le 10 décembre 1946, dans le Grand Hôtel de Stockholm où résident Otto Hahn et sa femme Edith alors que le chimiste, découvreur de la fission nucléaire en 1938 va recevoir le Prix Nobel de Chimie (son prix ne lui sera remis qu'en 1946 à la fin de la deuxième guerre mondiale).

Lise Meitner, physicienne, avec qui il travailla pendant plus de 30 ans en Allemagne, jusqu'à sa fuite en Suède en 1938 en raison de son identité juive, vient lui rendre visite afin de faire une mise au point concernant l'obtention de ce prix, à lui seul, sans même mentionner une seule fois son nom… Ce livre aborde de nombreux thèmes. Quelle construction, quel style, quel rythme et surtout quelles réflexions.

LE SOLDAT DESACCORDE de Gilles Marchand – a reçu de nombreux prix en 2023 – dont le prix des libraires

-Lettre hommage à Emile Gillet, exposée au fort de Douaumont

« A Verdun, une division, dans l’espace d’une relève laisse, en moyenne 4000 hommes. La terre elle-même change de forme ; les collines sous les coups de rabot des obus perdent leurs reliefs, leurs contours. Le paysage prend cet aspect jamais vu, cet aspect de néant, cette apparence croulante de fourmilière et de sciure, où des échardes, des fétus, des débris de chose mêlées comme de la paille dans du mauvais pain, rappellent qu’il y a eu des bois, des fusils, des brancards, on ne sait quoi de concassé là. On ne vit plus… on ne dort plus, on ne mange plus, on range les morts sur le parapet, on ne ramasse plus les blessés.

On attend le moment fatal dans une sorte de stupeur, dans un tressaillement de tremblement de terre, au milieu du vacarme dément. »

- Le narrateur de ce roman historique perd une main en 1914, donc quitte la guerre… il y a aussi laissé une bonne partie de son âme. Il aurait pu rentrer chez lui mais il est resté avec ses camarades, chargé du transport des troupes et des blessés. La peur de retrouver le cours d'une vie qui ne pouvait plus être normale. Emile va fédérer son régiment autour de sa sensibilité et sa poésie.

Dans les années 20, il jette toutes ses forces dans la recherche de soldats disparus.

Une affaire en particulier va le hanter et, retrouver la trace du soldat Joplain va devenir pendant plusieurs années une obsession. Il apprend que Lucie, la fiancée de Joplain était montée au front pour retrouver son poète. Le narrateur parle des années 20 à Paris.

« On voulait des lions, on a eu des rats.

On voulait le sable, on a eu la boue.

On voulait le paradis, on a eu l'enfer.

On voulait l'amour, on a eu la mort.

Il ne restait qu'un accordéon. Désaccordé. Et lui aussi va nous quitter.»

CROIX DE CENDRE de Antoine Sénanque

Un roman qui combine érudition historique, trame policière et atmosphère monacale.

Ce roman met en scène un personnage historique : Maitre Eckhart von Hochheim, théologien allemand, un des maitres à penser de la Mystique rhénane. Il est dénoncé à la fois par les dominicains et les franciscains devant l'inquisition pour hérésie, mais sans suite…

Lorsque leur prieur les envoie à Toulouse y chercher la meilleure qualité d'encre et de vélin pour son testament, les frères dominicains Robert et Antonin sont loin de se douter que cette mission va les mener tout droit dans les griffes de l'Inquisition. Tandis que, retenu en otage, le premier est jeté au secret des terribles geôles du tribunal pontifical, le second se voit contraint, pour espérer le libérer, de transmettre au grand Inquisiteur les confessions à venir de leur maître. Quels secrets sont-elles donc supposées dévoiler pour, en pleine Inquisition, faire trembler l'Église et son ambitieuse et intrigante hiérarchie ? Cette aventure se terminera par un bras de fer entre le prieur et un inquisiteur.

Intéressante description de la vie ecclésiastique et monastique du 14ème siècle. Un Moyen-âge où débute également l'épidémie de peste : première guerre bactériologique ! en effet, au siège de Caffa en Crimée, après 2 ans de siège, les armées Mongols ont réellement projeté des cadavres de pestiférés au-dessus des remparts de Caffa pour y introduire la 1ère épidémie de peste. Les marchands génois transportèrent ensuite dans la cale de leurs bateaux la maladie à travers l'Europe.

LE NAGEUR de Pierre Assouline

A travers le destin bouleversant d’Alfred Nakache, champion du monde de natation déporté à Auschwitz et Buchenwald, l’auteur explore d’une nouvelle façon, la période de l’Occupation.

Ce champion de natation, recordman du monde, qui a représenté la France aux jeux olympiques de Berlin en 1936 et de Londres en 1948, a vu sa fulgurante ascension brusquement interrompue fin 1943, suite à une dénonciation. Il a été déporté à Auschwitz Birkenau avec sa femme Paule et sa fillette Annie de deux ans qui ont été placées dans un autre camp et sont mortes gazées. Albert Nakache est resté interné deux ans et a survécu grâce à son endurance physique.

L’auteur, est comme un « poisson dans l’eau » avec cette biographie sur Alfred Nakache (1915-1983), prodigieux et généreux champion de natation dont la vie n’a rien eu d’un long fleuve tranquille.

LES FLEURS DE SOLEIL de Simon Wiesenthal

Ce livre est scindé en deux parties :

- le récit de Simon confronté à la demande de pardon d'un SS mourant ainsi que son refus de pardonner.

- les réponses de plusieurs personnalités à la question : "ai-je eu tort ou raison de ne pas lui accorder mon pardon ?"

Le leitmotiv qui revient au détour de ces pages est que l'on ne peut pas pardonner à la place d'autrui. Pourquoi ce soldat SS a-t-il fait venir Simon à son chevet ? Voulait-il soulager sa conscience avant de mourir ? Pourquoi n'a-t-il pas fait appel à un prêtre qui aurait pu lui donner l'absolution ? Les personnalités interrogées ont essayé de répondre à ces questions en se basant sur les récits bibliques (Lytta Basset, René-Samuel Sirat), en essayant de se mettre à la place de Simon (Christian Delorme), en décortiquant l'histoire du vingtième siècle et ses "massacres" de populations (Alfred Grosser) ou en s'appuyant sur les principes de la foi bouddhiste (Matthieu Ricard).

A noter : il est intéressant de trouver une biographie succincte des divers intervenants en fin d'ouvrage.

QUAND TU ECOUTERAS CETTE CHANSON de Lola Lafon

Lola Lafon est originaire de la Roumanie de Ceausescu.

L'autrice a passé une nuit dans le musée de la maison d'Anne Frank à Amsterdam où l'adolescente allemande a vécu recluse pour échapper aux nazis. Elle raconte cette expérience très forte mais aussi les résonances avec l'histoire de sa propre famille.

Le choix de ce lieu culte, lui, elle le doit à sa grand-mère juive, qui lui a offert à ses dix ans une médaille dorée frappée du portrait d'Anne Franck en prononçant ces mots qui résonnent encore « N'oublie pas ».

On a à peu près tous lu ou entendu parler du Journal d’Anne Frank. En revanche, on en sait très peu sur la jeune fille qui l’a écrit. Lola Lafon va donc La raconter, nous en dire plus sur Elle. Elle sollicite notre sensibilité, notre réflexion sur le mot « essentiel » en donnant du sens à un petit objet familier qui prend symboliquement toute son importance … Et la façon dont elle écrit est tout simplement magique.

 

L’ENRAGE de Sorj Chalandon

« En 1977, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été « rééduqués » à partir de 1880, les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans… »

Ce livre conte, la révolte et l’évasion, du 27 août 1934, de 56 adolescents enfermés dans la colonie pénitentiaire, pour mineurs, de Belle-Île-en-Mer. Coincés sur l'île, pourchassés comme des nuisibles par les matons du centre, les gendarmes, les habitants et même quelques touristes alléchés par la prime de 20 francs offerte par gamin capturé, ils seront tous rattrapés, sauf un. Cela permet à l’écrivain d’imaginer le destin de ce seul enfant à ne jamais avoir été rattrapé.

LA PETITE FILLE de Bernhard Schlink

L’atelier a également échangé sur LE LISEUR du même auteur.

C’est un roman sur la réunification allemande. La première partie confronte deux regards, celui de deux Allemagnes, longtemps séparées : Kaspar, né en RFA et Birgit née en RDA. Leur rencontre en 1964 à Berlin-Est, la naissance de leur amour et la fuite rocambolesque de Birgit pour le rejoindre définitivement à l'Ouest. L’auteur met en parallèle : les mots de Birgit qui n'a jamais trouvé sa place en RFA et ceux de Kaspar qui n'a jamais vraiment compris qui était son épouse.

La deuxième partie confronte toujours deux regards, mais cette fois issus de deux générations différentes, toujours celui de deux Allemagnes réunies dans un même pays mais radicalement opposés dans la façon d'envisager une nation : Kaspar et la petite-fille du titre, Sigrun, adolescente de quatorze ans, élevée dans le milieu Völkish, mouvement nationaliste d'extrême-droite glorifiant un passé germanique mythifié, ouvertement antisémite et négationn